Les USA sortent de l’accord de Paris : le capitalisme fossilisé bouge encore

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En 2015, 174 pays et l’Union européenne s’étaient engagés sur un accord visant à contenir le réchauffement climatique en dessous de 2 °C par rapports aux niveaux préindustriels, se désengager progressivement des énergies fossiles et avancer vers la neutralité carbone.

Même si cet accord ne prévoyait aucune contrainte juridique, il avait le mérite de fixer un objectif moral, notamment pour les pays les plus générateurs de gaz à effet de serre, comme la Chine, les États-Unis et dans une moindre mesure, la Russie ou le Japon.

Lors de l’élaboration de cet accord, l’ex-président américain Barack Obama avait négocié l’accélération de la baisse des émissions des États-Unis de deux points, par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2025. Objectif certes modeste, mais qui avait le mérite d’exister.
Désormais, le président Trump a rejeté l’accord de Paris.

La coalition des climatosceptiques, des souverainistes bornés détestant l’idée de règlementation internationale  et des milieux économiques favorables à l’exploitation des énergies fossiles, l’a emporté.

Cette décision est révélatrice de la réalité d’un capitalisme ancien, qui se caractérise par l’exploitation brutale des ressources de la planète, au détriment des êtres vivants.

Certes, le capitalisme n’est pas le seul système économique qui fonctionne par prédation, mais c’est le plus puissant. Il est dans cette affaire, accompagné par le courant « tea-party », faux-nez des tenants de la vieille loi du plus fort et de l’ordre moral.

Pensant satisfaire une promesse de campagne à l’ultra-droite, le président américain croit engager son pays vers la sortie du progrès écologique. Mais c’est trop tard.

L’économie des Etats-Unis s’est durablement engagée dans la production d’énergies renouvelables, parce que les consommateurs le veulent et que ça rapporte. Le coup porté par Trump est douloureux, mais pas fatal.

Finalement, cet épisode est un bras d’honneur d’un ordre ancien, convaincu que l’intérêt des puissants fait le bien commun, envers les aspirations croissantes de coopération, de responsabilité collective et d’intérêt général.
Ce monde ancien est résistant et cela ne concerne pas seulement les « autres » : nous en sommes.

Rappelons-nous qu’un plein d’essence finance en partie des idéologies à combattre, et que la sécurisation des filières d’approvisionnement d’uranium, dont provient l’essentiel de notre électricité, se fait aussi au prix d’opérations militaires, comme au Sahel.

Au SE-Unsa, cet engagement n’est pas une option. Éduquer à la défense du patrimoine commun, à la préservation des écosystèmes naturels mais aussi sociaux, économiques, énergétiques et sanitaires fait partie de l’ADN de notre syndicat.

Le progrès écologique est lié au progrès démocratique, porteur de libertés fondamentales.
La question d’un autre modèle de développement « durable » ne peut plus être esquivée. Les solutions relèvent d’une prise de conscience collective, de comportements individuels raisonnés et de politiques volontaristes. L’éducation à ces sujets est fondamentale.