Une enquête sur le dédoublement des classes de CP qui ne nous apprend rien

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La Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) vient de publier une note sur le dédoublement des classes de CP en éducation prioritaire à partir de l’exploitation des enquêtes auprès des enseignants après deux années de déploiement.
 
L’enquête a concerné au printemps 2019 3500 enseignants exerçant en Rep+, 1500 enseignants de Rep et 800 enseignants d’écoles publiques hors éducation prioritaire.
 
Une partie de la note porte sur le satisfecit de la formation supplémentaire dont ont bénéficié les enseignants des CP dédoublés. Cette formation supplémentaire, certes massivement assurée comme prévu mais nous le savons de façon très variable suivant les circonscriptions, a en effet pu être vécue comme une forte pression avec un formatage resserré autour des préconisations du guide orange, ou comme une réponse aux besoins de développement professionnel accompagné d’un suivi soutenant et bienveillant, avec tous les degrés possibles entre ces deux extrêmes.
Nous n’oublions pas que cette formation supplémentaire et le suivi dont ont bénéficié les enseignants des CP dédoublés s’est fait à moyens constants, sans augmenter le nombre de conseillers pédagogiques, donc forcément au détriment d’autres formations et accompagnements.
 
Sinon, qu’apprend-t-on dans cette note ?
  • que les enseignants des CP dédoublés expriment un sentiment d’efficacité personnelle supérieur ;
  • qu’ils trouvent leurs classes plus calmes, moins bruyantes ;
  • qu’ils déclarent une meilleure capacité à adapter leur pratique pour que tous les élèves réussissent comme par exemple expliquer les choses autrement lorsque des élèves ont des difficultés de compréhension ;
  • qu’ils adhèrent davantage à un mode d’enseignement explicite mais que ce n’est pas forcément corrélé à une mise en oeuvre concrète en classe ;
  • qu’ils cherchent davantage à motiver et soutenir leurs élèves ;
  • qu’ils consacrent plus de temps pour des tâches liées à la communication et à la coopération avec les parents ;
  • qu’ils intègrent dans leurs démarches pédagogiques des tâches nécessitant un raisonnement élaboré, stimulant la curiosité des élèves ou posant des questions amenant les élèves à réfléchir en profondeur ;
  • que les pédagogies actives sont davantage mobilisées.
La note se termine avec le constat qu’il est impossible, avec les éléments recueillis, de déterminer si le dédoublement des classes de CP a vraiment un impact sur les pratiques enseignantes.
 
Donc cette enquête nous apprend qu’avec moins d’élèves les enseignants bénéficient de meilleures conditions de travail leur permettant de consacrer plus de temps et d’énergie à chacun de leurs élèves et à leurs familles. On pouvait fort heureusement s’en douter, et c’est heureux que ce soit confirmé !
 
Pour le SE-Unsa il est urgent que le ministère mobilise des outils de recherche permettant d’évaluer l’impact des dédoublements sur la réussite des élèves et de comparer les résultats de ce dispositif au « plus de maîtres que de classe » qui était bien moins coûteux en postes.