Génération 1995, génération 2007 : quelles évolutions ?
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La Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) a publié en mars 2020 une étude sur la génération des élèves entrés en 6e en 2007 en la comparant à une étude précédente concernant les élèves entrés en 6e en 1995. De nombreux progrès du système scolaire sont ainsi mis en avant mais aussi la persistance des différences de parcours liée aux différences d’origine sociale des élèves.
Le nombre de sorties sans diplômes a fortement baissé entre les deux générations. Alors qu’ils étaient 20 % dans le panel 1995, ils ne sont plus que 11 % dans le panel 2007. Cette diminution tient surtout à une amélioration de l’accès au baccalauréat : 78 % des élèves entrés en 6e en 2007 l’ont obtenu alors qu’ils n’étaient que 64 % dans le panel 1995. La réforme du baccalauréat professionnel de 2009 a favorisé cet accès au bac mais l’accès au bac général et technologique s’est aussi amélioré entre les deux générations. En revanche, le pourcentage de diplômés au niveau CAP a baissé nettement (11 % pour le panel 2007, 16 % pour le panel 1995).
Dans le même temps la durée des études secondaires a diminué fortement entre les deux générations étudiées. Cette diminution est très sensible pour les bacheliers professionnels du panel 2007 qui obtiennent le bac après 7,5 années d’études secondaires en moyenne (8,8 années pour le panel 1995) mais aussi pour les bacheliers généraux et technologiques. En particulier, le nombre de bacheliers généraux ou technologiques ayant deux ans de retard est devenu marginal alors qu’il y en avait encore 10 % dans le panel 1995. La diminution du nombre de redoublements au collège et au lycée a évidemment permis ce progrès.
La forte baisse du nombre de sortants sans diplôme s’est accompagnée d’une amélioration du niveau de sortie. Dans le panel 1995, ils étaient 50 % à décrocher au cours de la préparation du CAP ou du BEP, ils ne sont plus qu’un sur trois dans le panel 2007. Les sortants sans diplômes issus de la voie générale ou technologiques sont eux aussi de moins en moins nombreux.
Ces progrès mettent malgré tout en avant quelques constantes sur lesquelles le système scolaire français n’arrive pas à progresser.
La réussite scolaire des jeunes français est toujours très liée au niveau des acquis à l’entrée en 6e. Certes, le risque de sortie sans diplômes des élèves fragiles a fortement diminué, il reste que ce sont toujours ces élèves qui décrochent le plus. La DEPP établit une forte corrélation entre ces élèves et le niveau de diplômes de leur mère. Les mères diplômées de l’enseignement supérieur apportent visiblement une aide au cours de l’école primaire déterminante pour la suite de la scolarité.
Par ailleurs, l’origine sociale des décrocheurs est aussi très parlante : un enfant de cadre a onze fois moins de chance de sortir sans diplôme qu’un enfant d’inactif. De plus, les diplômes obtenus sont très marqués socialement : 86 % d’enfants d’enseignants ou de cadres obtiennent un bac général ou technologique contre seulement 33 % des enfants d’ouvriers non qualifiés et moins de 25 % d’enfants d’inactifs.
De 1995 à 2007, le système scolaire français a été capable de se réformer et de faire progresser plus d’élèves, c’est indéniable. Il n’empêche que l’origine sociale des parents reste encore très déterminante dans la réussite scolaire et le décrochage avant d’obtenir un diplôme. Pour le SE-Unsa, le rééquilibrage en cours des moyens dévolus à l’enseignement primaire est sans doute nécessaire. Il n’empêchera pas une réflexion sur le niveau collège qui n’arrive pas à corriger les inégalités constatées à l’entrée en 6e.