Parcoursup : ni solution miracle, ni échec avéré

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La nouvelle procédure de pré-inscription dans l’enseignement supérieur ne résoud pas tous les problèmes d’orientation. Elle ne crée pas les places qui manquent, elle ne supprime pas la subjectivité dans le classement des dossiers dans les formations sélectives. En revanche, parce qu’elle n’exige pas le classement des vœux par ordre de préférence comme c’était le cas dans APB, elle génère une attente angoissante pour les lycéens qui n’ont pas obtenu de réponse positive dès le premier tour et qui doivent attendre que leurs congénères libèrent les places qui leur ont été attribuées et qu'ils ne retiennent pas.  
 
Souvenons-nous que la procédure précédente avait été critiquée sur 2 points :
  • L’utilisation du tirage au sort pour les filières en tension de l’Université.
  • Le classement des vœux qui conduisait les lycéens à effectuer des vœux stratégiques, c’est-à-dire à s’auto-censurer pour se donner un maximum de chances d’avoir une réponse positive sur leur premier vœu.
Parcoursup devait répondre à ces 2 problèmes.
 
Le recours au tirage au sort n’est plus de mise
Les candidats sont maintenant classés en fonction de leur dossier. C’est alors qu’on « découvre » que les notes ne sont pas fiables, que les pratiques des établissements sont diverses, que les fiches-avenir ne sont pas très utiles, que chaque formation définit ses propres critères, que la transparence n’est pas de mise… Quelle découverte en effet ! Tous ces dysfonctionnements étaient déjà présents dans le recrutement des filières sélectives et personne ne pipait mot ! Si Parcoursup conduit à interroger ces pratiques et à contraindre à une plus grande transparence dans l’avenir, ce serait tant mieux !
 
Le classement des vœux est supprimé
L’effet pervers, c’est l’allongement de l’attente pour une réponse définitive pour de nombreux lycéens. Attente difficile à vivre, on en convient ! Attente d’autant plus difficile à vivre si les messages anxiogènes se multiplient là où il faudrait rassurer… Les formations du supérieur ont eu le plus grand mal à calibrer leurs réponses puisque c’est la première année de cette procédure. Dès l’an prochain, on devrait disposer d’indicateurs plus solides. On connaîtra le rang du dernier admis par exemple, ce qui devrait permettre à chacun de mieux évaluer ses chances. À moins qu’on ne revienne sur ce principe de non-classement qui, il est vrai, profite d’abord aux meilleurs candidats.
 
La nouvelle procédure a été élaborée dans l’urgence pour fonctionner dès cette année et on pouvait craindre le pire. Il ne s’est pas produit. La plateforme n’a pas pour l’instant connu de bug majeur et c’est bien à la fin de la phase principale qu’on pourra dire avec certitude si oui ou non Parcoursup est une réussite ou un échec.
 
Quelques chiffres
Le 24 mai, 458 376 candidats ont reçu au moins une proposition d’admission et 353 682 n’en ont pas reçu ou sont en attente de place. 26 274 n’ont reçu que des réponses négatives sur des filières sélectives.  Dès le 22 mai, ces derniers pouvaient saisir la Commission d’accès à l’enseignement  supérieur de leur académie chargée de leur proposer une formation au plus près de leurs vœux.
La phase complémentaire sera ouverte à partir du 26 juin à tous les candidats sur Parcoursup. Elle débute après les épreuves du baccalauréat et permet de formuler 10 nouveaux vœux dans des formations qui disposent de places disponibles. Cette phase s’étend jusqu’au 21 septembre inclus.
 
L'avis du SE-Unsa
Le SE-Unsa avec les syndicats de sa fédération, l’Unsa-Education, demande des moyens à la hauteur pour que la loi « Orientation et Réussite des Étudiants » puisse se mettre en place dans de bonnes conditions dans le premier cycle universitaire. Il demande le recrutement de psychologues de l’éducation spécialité orientation en nombre suffisant pour mieux accompagner les lycéens et les équipes pédagogiques dans ce processus complexe. Il demande enfin qu’un bilan précis soit fait de cette première année pour en tirer toutes les leçons pour la suite.