La rentrée 2017 dans les écoles

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Le ministre Jean-Michel Blanquer affiche « la priorité au primaire », voire la priorité au CP. On peut donc parler de continuité de la politique éducative au-delà de l’alternance politique ? Pas si simple.
 
Si le ministre parle beaucoup de l’école primaire et de l’acquisition indispensable des « fondamentaux » par tous les élèves, il ne choisit pas d’actionner les mêmes leviers que lors du quinquennat précédent.
 
Première rupture : l’organisation de la semaine scolaire

Depuis 2013, et malgré plusieurs modifications des textes réglementaires, le retour à cinq matinées de classe était un principe fort porté par les trois ministres précédents. Il s’agissait bien de regagner du temps de qualité pour les apprentissages, temps précieux pour les élèves les plus fragiles. En donnant la possibilité aux acteurs locaux de revenir à quatre jours, le ministre a sciemment abandonné, à la demande du président de la République, la défense de l’intérêt des enfants au profit des intérêts à court terme des collectivités et des personnels. Un tiers des écoles reviennent ainsi dans la précipitation à quatre jours. Le SE-Unsa continue à défendre la semaine de 5 matinées. Il accompagne toutefois tous les personnels dans leur dialogue avec les collectivités et les Dasen sur ce sujet.
 
Deuxième rupture : la focalisation sur la seule année de CP

La Refondation avait bien mis en évidence la progressivité des apprentissages de la littéracie et de la numératie. Dans les nouveaux programmes du cycle 2, le choix a été fait, en tenant compte des recherches pédagogiques ancrées dans la réalité des classes, d’accorder un an de plus à ces apprentissages « fondamentaux ». Le nouveau slogan « 100% de réussite au CP » peut se traduire par une pression exagérée et contreproductive sur les enfants et sur les maîtres. Restreindre l’action des maîtres + au seul CP, soit en dédoublant les classes, soit en co-intervenant toute la semaine, ne paraît pas être un choix pertinent, d’autant plus qu’il a souvent été imposé, contrairement aux affirmations du ministre.
 
Troisième rupture : la réhabilitation de la pratique du redoublement

Aux antipodes des conclusions de toutes les recherches scientifiques sur le sujet, le ministre porte un discours positif sur le redoublement. Le difficile travail de conviction mené depuis des décennies auprès des enseignants est mis à mal et il y a fort à parier que les redoublements en fin de CP vont augmenter à la fin de cette année scolaire. Le redoublement n’est pas une réponse pédagogique aux difficultés d’apprentissage d’un élève mais une réponse aux difficultés d’enseigner pour les professeurs… Pour le SE-Unsa, développer la formation continue autour de l’appropriation des programmes du cycle 2, réduire les effectifs, faciliter le travail en équipe seraient des entrées plus efficaces.
 
Un dernier exemple de rupture ?

Le ministre a annoncé la mise en place d’évaluations au CP et en 6e. Seront-elles des évaluations avec protocole national obligatoires et remontées au niveau des circonscriptions /académies/ministère ? Ou bien, s’inscriront-elles dans la continuité des choix opérés précédemment, à savoir, la mise à disposition des enseignants d’une banque d’outils d’évaluation ? Si l’on se réfère aux écrits et aux pratiques du ministre lorsqu’il était Dgesco (directeur général de l’enseignement scolaire), on peut craindre le retour des évaluations au service d’un pilotage formel au détriment des évaluations au service des apprentissages des élèves.