Continuité pédagogique en lycée général ou technologique : ce qu’en disent les collègues

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Ce n’est sans doute pas au niveau lycée (2de, première, terminale) que l’on était le plus inquiet pour la mise en place de la continuité pédagogique. Les élèves sont relativement autonomes. Ils sont souvent équipés, au moins d’un smartphone, et les contacts dématérialisés (mails…) avec nombre d’enseignants pré-existaient au confinement. Nous avons interrogé quelques collègues qui nous ont dit comment ils ont vécu les premières semaines de « lycée à la maison ».
 
L’annonce de la fermeture des écoles, collèges et lycées ayant été formulée le jeudi 12 mars pour une fermeture effective le lundi 16 mars, les équipes ont eu une journée (le vendredi 13) pour s’organiser : vérification et récupération des adresses mail, prêts d’ordinateurs ou de tablettes aux élèves non équipés, planning de travail à réaliser les premiers jours…, les équipes ont été réactives face à cette situation inédite. Dès la première semaine de confinement, des rendez-vous réguliers entre enseignants et groupes classes (parfois redécoupées) sont organisés.
 
Sans doute par peur de ne pas être à la hauteur ou pour répondre aux injonctions ministérielles insistantes, les élèves ont été les premiers jours, rapidement submergés par la masse de travail demandée. Il semblerait que le rythme se soit apaisé depuis. L’enjeu est maintenant de durer et de perdre le moins d’élèves possible. Les collègues interrogés constatent, malgré tout, qu’à tous les niveaux, les lycéens répondent en très grande majorité présents. Malheureusement, les quelques élèves en voie de décrochage ne peuvent parfois pas être contactés ou ne se connectent pas.
 
Il n’empêche que des comportements positifs et inattendus sont avérés. Les élèves participants le plus aux activités ne sont pas toujours les mêmes que ceux vus en classe. Ainsi, des élèves très discrets habituellement sont très demandeurs et n’hésitent pas à s’exprimer via les forums mis en place. Faut-il y voir une libération de la parole et des énergies lorsque le poids du groupe ne se fait pas sentir ? De plus, les collègues constatent une grande capacité des élèves à s’organiser collectivement. Les travaux demandés sont souvent faits en groupes.

Quand on les interroge sur les outils utilisés, les enseignants répondent majoritairement ENT et pronote. C’était attendu mais cela ne leur suffit pas et la prise d’initiative des collègues, parfois conseillés par leurs élèves eux-mêmes, est remarquable. Ainsi, Stéphanie, prof d’éco-gestion complète les échanges via l’ENT par des rendez-vous avec ses classes via des groupes Messenger. Sandra, prof d’anglais, utilise Discord pour travailler l’oral et un padlet pour échanger des documents. Patrice, prof de maths donne des rendez-vous vidéo pendant lesquels il filme sa main écrivant sur une feuille blanche pendant qu’il donne des explications orales, le tout en direct. Il a d’ailleurs remarqué que ses vidéo sont suivies par des élèves qu’il n’a pas en classe habituellement (avec son accord). Il semblerait bien que les groupes classes de son lycée se réorganisent de manière informelle, les élèves allant piocher les propositions qui leur conviennent le mieux.
 
Les collègues sont unanimes pour dire que tout ce travail inhabituel leur prend énormément de temps. Le partage des taches entre vie pro et vie perso quand on télétravaille est complexe a fortiori lorsque les enseignants sont aussi parents de jeunes enfants. Il va être grand temps pour chacun de prendre quelques vacances de printemps, confinement ou pas.