Burkini : la laïcité est le rempart de nos libertés
Drôle de rentrée que celle où le Conseil d’Etat doit statuer sur une tenue de plage. L’ordonnance du 26 août a mis fin (temporairement) à l’hystérie collective autour des arrêtés municipaux anti-burkini, qui transformaient la laïcité en principe disciplinaire pour contraindre le corps des femmes, mais elle ne résoudra rien.
On a le droit d’être hostile au burkini pour ce qu’il représente en terme de sujétion de la femme et de radicalisme politique. Il faudrait être bien naïf, en effet, de croire que le burkini n’est qu’une simple tenue de bain, tant son nom lui-même symbolise la contradiction entre la liberté et l’enfermement.
Mais en exigeant « une tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et du principe de la laïcité », les maires mélangent tout. D’un côté, une police des mœurs digne du Gendarme à Saint-Tropez, et de l’autre une laïcité punitive qui étend aux citoyens dans l’espace public la neutralité de l’Etat et du service public.
En démocratie, on ne peut pas interdire tout ce que l’on rejette. On ne peut pas, au nom d’une laïcité mal comprise, priver un individu de ses libertés fondamentales, en particulier la liberté de conscience. On ne peut pas faire ôter un vêtement à une femme sous contrainte policière en l’humiliant devant ses enfants. La laïcité est le rempart de nos libertés, toutes nos libertés, les libertés de toutes et tous.
Cet épisode estival rappelle qu’en France on parle rarement de religion sans polémique, en particulier quand il s’agit de l’islam. Dans le contexte post-attentats et pré-présidentielles, certains, en particulier à droite, sont tentés de (faire) voir des terroristes en puissance derrière chaque barbe et chaque voile. En surfant sur la vague sécuritaire, ils contribuent par leur surenchère à fracturer encore plus le corps social au lieu de l’unir.
Face à la peur de l’autre, la réponse ne peut être que dans la confrontation des idées, la pédagogie, l’éducation. C’est ce à quoi s’emploie le SE-Unsa inlassablement.