Sargasses : le SE-Unsa en alerte face au cauchemar des Antilles

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Depuis février, des algues brunes s’amoncellent sur les côtes antillaises et leur décomposition dégage de l’hydrogène sulfuré et de l’ammoniac. Dans l’urgence, les autorités ont décidé d’interdire la baignade et de fermer des écoles.
 
Interrogé par «Le Monde», le chercheur Frédéric Ménard explique que «ce phénomène est probablement lié à l’élévation des températures de l’eau, due au changement climatique et aux nutriments charriés jusqu’à l’océan par les grands fleuves, en particulier ceux lessivés par les pluies sur les sols déforestés de l’Amazonie».

Ainsi, les sargasses qui envahissent les côtes antillaises proviendraient d’une zone située au nord de l’embouchure de l’Amazone ; une grande concentration d’algues y a, en effet, été détectée en avril 2011. À la faveur des courants, ces algues auraient migré vers le nord et affecté les côtes antillaises.

Les bassins versants de l’Amazone ayant été massivement déboisés ces dernières décennies (pour l’agriculture, l’orpaillage, l’implantation de communautés humaines, etc.), les précipitations ont libéré les sels minéraux présents sur et dans les sols, l’eau de ruissellement se chargeant ensuite d’évacuer le tout en direction des rivières et des fleuves, via le milieu marin. L’eutrophisation* du milieu marin participant alors au renforcement de la croissance algale.

Après avoir alerté le ministre de l’Education Nationale, le SE-Unsa de Martinique a été reçu par le cabinet du Ministre de l’Ecologie pour avancer une série de propositions visant à garantir aux enseignants et aux élèves de bonnes conditions de travail, et d’apprentissage et une veille sanitaire efficace.

Ainsi, Nicolas Hulot, vient d’annoncer un plan de 10 millions d'euros, afin de lutter contre l’échouage massif de sargasses sur les côtes des Antilles et de Guyane.

Ce plan va poursuivre quatre objectifs : accélérer la mise en place du réseau de suivi et de prévision des échouages, ramasser les algues en moins de 48 heures pour éviter leur décomposition, renforcer la recherche, accompagner les particuliers et les entreprises touchés par les sargasses afin de limiter les pertes économiques. Des capteurs vont être déployés en Guadeloupe et en Martinique pour permettre de recueillir les données d’échouage et de dégagement de gaz. En outre, à partir du mois de juillet, une étude scientifique sera lancée par l’Université Antilles-Guyane sur la composition des sargasses afin d’envisager leur valorisation.

Pour faire face aux échouages, 3 millions d’euros ont déjà été engagés, notamment pour l’achat de machines, et l’État va apporter en urgence 3 millions supplémentaires.

«L'urgence est d'organiser le ramassage en moins de 48 heures quand les algues s'échouent sur nos côtes», a déclaré le ministre, qui s'est rendu, avec Mme Girardin, à Petit-Bourg, une commune envahie par les algues qui polluent plages et air de l'île, empoisonnant la vie des habitants et impactant sérieusement la situation économique.

Pour le SE-Unsa, la question d’un autre modèle de développement « durable » ne peut plus être esquivée, car le dérèglement climatique, conséquence d’une activité humaine non maitrisée, perturbe les écosystèmes naturels mais aussi sociaux et sanitaires.

*Eutrophisation : Apport excessif d'éléments nutritifs dans les eaux, entraînant une prolifération végétale, un appauvrissement en oxygène et un déséquilibre de l'écosystème.