PISA 2018 : Les inégalités toujours au cœur de notre école

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Les résultats français montrent une remarquable stabilité : ils restent un peu au dessus de la moyenne de l’OCDE, comme en 2015 et sont marqués par des inégalités d’origine sociale très fortes. Le zapping politique se traduit par une impuissance flagrante.
 

Ce qu’est PISA
 
PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) est un ensemble d’études menées tous les trois ans auprès de jeunes de 15 ans dans les 36 pays membres de l’OCDE ainsi que dans de nombreux pays partenaires (79 pays en tout) qui aboutissent à un classement.
 
La première enquête a été menée en 2000, la dernière en 2018.
 
Les compétences évaluées sont définies comme celles dont tout citoyen européen moyen peut avoir besoin pour réussir dans sa vie quotidienne : culture scientifique et mathématique, savoir lire. Il s’agit plus d’évaluer la façon dont les jeunes sont capables d’exploiter leurs connaissances dans leur pratique quotidienne que leur niveau théorique dans tel ou tel domaine.

PISA tente d’identifier les facteurs de succès, facteurs exogènes, notamment le milieu social économique et culturel des familles, le cadre scolaire offert par l’établissement, et le système éducatif national, mais aussi endogènes, comme la motivation des élèves, l’estime qu’ils ont d’eux-mêmes, les stratégies d’apprentissage qu’ils mettent en œuvre.
 

Le contexte

Même s’il est très illusoire de penser que les changements de programmes auraient des effets significatifs et immédiats, précisons que les élèves évalués dans PISA 2018 sont entrés à l’école primaire avec la mise en place des programmes de 2008 et n’ont connu la réforme du collège 2016 qu’en 3ème.

L’enquête PISA 2018 s’est concentrée sur la compréhension de l’écrit, les mathématiques, les sciences, et la compétence globale (compétence en lien avec la connaissance du monde, avec la façon de se comporter face à l’altérité, en lien également avec la curiosité et le développement durable). PISA 2018 comprenait également une évaluation de la littératie financière des jeunes, qui était facultative. Les résultats en compréhension de l’écrit, mathématiques et sciences sont publiés aujourd’hui le 3 décembre 2019 et ceux sur les compétences globales et la littératie financière le seront en 2020.
 

Des résultats qui restent un peu au-dessus de la moyenne

En compréhension de l’écrit, Le score moyen des élèves en France est de 493 points ce qui place la France légèrement au-dessus de la moyenne de l’OCDE (487 points). Elle se classe entre le 20e et le 26e rang des pays de l’OCDE en compréhension de l’écrit. Par rapport à la moyenne des pays/économies participant à PISA, les élèves en France semblent légèrement plus à l’aise avec les éléments leur demandant de "localiser l’information" dans un texte (496 points en moyenne) qu’avec ceux leur demandant de "comprendre le texte " (490 points en moyenne) ou " analyser et réfléchir " sur un texte (491 points, en moyenne).

En mathématiques, les élèves français ont obtenu 495 points, légèrement au-dessus de la moyenne de l’OCDE (489 points). La France se classe entre la 15e et la 24e place en mathématiques parmi les pays de l’OCDE.

En sciences, les élèves ont obtenu 493 points, soit un peu plus que la moyenne de l’OCDE (489 points). La France se classe entre la 16e et la 23e place pour les performances scientifiques parmi les pays de l’OCDE.
 
 

Des inégalités sociales de réussite scolaire toujours aussi fortes

En France, les élèves issus de milieu socio-économique favorisé, ont obtenu des résultats supérieurs de 107 points à ceux des élèves défavorisés en compréhension de l’écrit. Il s’agit de l’un des plus importants écarts liés au milieu socio-économiques parmi les pays de l’OCDE (écart moyen : 88 points). Des écarts nettement plus importants ne sont observés qu’en Israël et au Luxembourg (122 points). Lors de PISA 2009, cet écart de performance en compréhension de l’écrit lié au statut socio-économique était déjà de 110 points en France - et de 87 points en moyenne dans les pays de l’OCDE.

L’écart moyen en compréhension de l’écrit dans PISA 2018 entre les élèves issus de l’immigration et élèves non-immigrés en France est de 52 points en faveur des élèves autochtones (différence moyenne OCDE : 41 points).

De nombreux élèves de 15 ans, en particulier ceux issus de milieu défavorisé, ont des ambitions moins élevées que ce à quoi on pourrait s’attendre compte tenu de leurs résultats scolaires. En France, un élève défavorisé sur cinq ayant de bons résultats ne prévoit pas de terminer ses études supérieures - alors que cette proportion est quasi nulle parmi les élèves favorisés.
 

PISA montre les limites du zapping politique en matière d’éducation

Ce que PISA nous montre avant tout c’est qu’il n’y a pas d’évolution significative des résultats à attendre d’une politique qui change les rythmes, les programmes, donne des recommandations, modifie la formation des enseignants… très rapidement sans attendre que la mesure précédente ait eu la chance de produire des effets. On pourrait presque se réjouir que cela ne provoque pas un effondrement des résultats de nos élèves.
 

Pour le SE-Unsa, il est clair que notre école a plus que jamais besoin de politiques éducatives stables, centrées sur l’amélioration des résultats des élèves les plus socialement défavorisés. Cela ne passe pas par des mantras (la syllabique c’est automatique, les classes dédoublées 100% de réussite obligatoire, le niveau remonte, les évaluations nationales c’est fantastique...) mais par une formation professionnelle de haut niveau et des conditions d’enseignement plus favorables là où les difficultés sont les plus lourdes.