Macron et l’immigration : une stratégie dangereuse
| popularité : 3%
Le président de la République a récemment annoncé la tenue d’un débat parlementaire sur l’immigration, les 30 septembre et 2 octobre prochains. L’objectif exposé aux parlementaires de la majorité présidentielle est fixé : « regarder l’immigration en face » en s’adressant aux catégories populaires, qui « vivent avec ».
Alors qu’une inflexion sociale du quinquennat est plus qu’attendue, la volonté de mettre le sujet de l’immigration au premier plan pose question. S’agit-il de resituer les problématiques internationales et nationales des flux migratoires et d’aller vers une meilleure coopération entre les pays de l’Union européenne, notamment pour l’insupportable situation des naufragés en mer ? Ou est-ce une instrumentalisation de cette question pour vider le réservoir de voix de concurrents politiques à six mois des élections municipales ?
Aujourd’hui, pour les Français, l’immigration est une préoccupation importante, mais elle passe en ordre de priorités derrière la santé, la sécurité, l’éducation, le pouvoir d’achat, l’environnement, le chômage, la lutte contre la délinquance et la lutte contre la précarité*. Dans ce contexte, le choix de mettre l’immigration en débats ressemble à un contre-feu préventif à l’égard d’une météo sociale qui s’annonce orageuse : la hausse probable des prix des carburants liée aux troubles en Arabie Saoudite, l’abaissement de la prévision de croissance pour 2019 et 2020 par l’OCDE et enfin, la réforme des retraites. Hélas, on peut craindre que ce débat soit accompagné de discours haineux et de rejet de l’autre.
Pour le SE-Unsa, il est essentiel de tenir fermement le cap d’une conception d’une société républicaine et humaniste, qui conjugue équité et justice sociale. Cela passe par un accueil digne et l’accès aux droits fondamentaux de toute personne qui foule notre sol.
Recoudre le tissu abimé d’une société où les écarts se creusent prendra du temps et demandera une volonté sans faille : nous sommes prêts à prendre notre part.