L’École selon Zemmour : pour le public, le bagne ; pour le privé, champagne !

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Le candidat d’extrême droite a récemment dévoilé son projet pour l’éducation. Sans surprise, il souhaite retourner à une École qui n’a jamais existé à travers une série de mesures soit fantaisistes, soit démagogiques et bien souvent les deux à la fois.
 
 
Zemmour adresse un message aux personnes qui pensent qu’il faut redresser une jeunesse encline à la barbarie tout en consolidant les réservoirs scolaires d’entre-soi, destinés à placer sa progéniture à l’abri de toute mixité sociale. 
 
Ainsi, l’avenir de l’École publique ressemble à un centre de redressement concentré autour du lire, écrire, compter où l’enseignement des langues serait banni au profit du français et du calcul. Tant pis si la réalité montre que les enseignements fondamentaux, loin d’être négligés, bénéficient de quotités horaires constantes.
 
Par ailleurs, le port de la blouse serait généralisé dans un souci d’égalité. Ici, la confusion entre égalité et uniformité est flagrante. Plus grave, dans ce projet, les enseignements visant la lutte contre le racisme, l’homophobie ou l’égalité filles-garçons seront exclus. 
 
En outre, le candidat extrémiste a déclaré vouloir écarter la majorité des élèves porteurs de handicap de l’École, pour les orienter vers des établissements spécialisés. Dans ses propos, Zemmour ne vise évidemment pas l’intérêt des enfants mais déploie, à leur détriment, un marqueur important de l’extrême droite qui considère que les différences existant entre les membres du corps social – et ici du corps scolaire – sont un risque de désordre qui empêche la société – ou la classe – de fonctionner de manière homogène. Dès lors, il s’agit d’identifier les intrus, désignés comme des facteurs de gêne et de perturbation, et de les exclure. 
 
De manière prévisible, l’enseignement privé serait le grand gagnant de l’École selon Zemmour, qui n’est avare ni de louanges ni de promesses à son égard. Des promesses visant à délier les établissements privés du respect des programmes, notamment des objectifs fixés par le socle commun, mais aussi et surtout des avantages financiers accrus. Rappelons ici que plus de 95 % des établissements privés sous-contrat sont confessionnels.
 
Sans surprise, la laïcité est absente du programme : quoi de plus normal venant d’un candidat qui flatte les ennemis de la République.
 
Enfin, le ministère de l’Éducation nationale serait rebaptisé ministère de l’Instruction publique. Le SE-Unsa rappelle que cette dernière dénomination a été adoptée par le régime de Vichy qui, ayant voulu désigner l’Éducation nationale comme responsable de la défaite, en profita pour exclure les enseignants juifs, mettre à l’écart les responsables syndicaux et rétablir dans les programmes scolaires les devoirs envers dieu. 
 
 
L’avis du SE-Unsa
 
En résumé, ce programme, véritable concentré de poncifs éculés, serait destructeur pour notre système éducatif. Un autre aspect inquiétant est que ce recueil pourrait servir de boîtes à idées à la droite traditionnelle désireuse de récupérer des voix à l’extrême droite.
 
À l’inverse, au SE-Unsa, nous voulons écrire une nouvelle page de la démocratisation scolaire, notamment par le soutien à la formation pédagogique des enseignants. Nous voulons promouvoir la laïcité et travailler à l’effacement des ghettos scolaires. Nous voulons favoriser la coopération et la réussite de l’inclusion. Nous voulons éclairer sur les freins liés à la réussite des élèves, qu’ils soient liés à leur origine sociale ou encore à leur orientation sexuelle. Nous voulons une École où chaque élève pourra mobiliser les savoirs scolaires pour construire son avenir et s’émanciper. Pour toutes ces raisons, l’ambition du SE-Unsa pour l’École est en opposition diamétrale avec les thèses de l’extrême droite.