États-Unis : la censure sévit

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En 2022–2023, dans 33 États, 3 362 livres ont été interdits et retirés des écoles, facultés et bibliothèques. En 2023-2024, ce sont plus de 4 300 livres dans 23 États qui sont concernés. Que se passe-t-il exactement aux États-Unis ? Et qu’en est-il en France ?
 
 
Aux États-Unis
 
Le prix Pulitzer The Color Purple d’Alice Walker et All Boys Aren’t Blue de l’activiste LGBTQ+ George M. Johnson sont ainsi interdits en Arizona. Des ouvrages majeurs de la littérature, tels To Kill a Mockingbird d’Harper Lee et Fahrenheit 451 de Ray Bradbury le sont également dans certains états. La plupart des titres concerne les littératures LGBTQ+ et des minorités raciales.
 
Moms for Liberty, groupe ultraconservateur de mères de famille soutenu par les dirigeants républicains, est particulièrement actif pour demander le bannissement de certains livres des bibliothèques. Dans les conseils d’administration des établissements scolaires, les parents peuvent aussi demander le retrait de certains titres des bibliothèques. Ainsi, dans le Maryland, des parents ont tenté de faire retirer des listes de livres à étudier le roman The Hate u give de Angie Thomas. L’argument avancé était le vocabulaire grossier employé, mais le vrai motif est sans doute plutôt à chercher du côté du sujet du livre : un lycéen noir est abattu de plusieurs balles dans le dos par un policier.
 
De nombreux états introduisent également des législations qui menacent les documentalistes des écoles, collèges et lycées, par des amendes voire des peines de prison s’ils permettent l’accès à des ouvrages « controversés » ou « nocifs ».
 
Des associations luttent aux côtés de tous les éducateurs pour l’accès ouvert et juste de chaque élève ou étudiant à l’éducation et à la culture, liberté fondamentale de plus en plus menacée. La New York Public Library fait campagne pour le libre accès à la lecture, contre toute censure, et diffuse sur son site un lien permettant d’accéder aux œuvres interdites actuellement ou qui font l’objet de poursuites légales.
 
 
Et en France ?
 
En France, le groupe Parents vigilants n’a pas caché ses intentions de s’introduire dans les conseils d’administration des collèges et lycées, ce qui leur permettrait d’avoir un regard sur les projets pédagogiques, les projets de politique documentaire, et par conséquent, sur les acquisitions des centres de documentation et d’information. Sur les réseaux sociaux, le groupe met par exemple en cause des livres qui abordent le sujet de l’homosexualité, comme Le jour où Papa s’est remarié, de Thierry Lenain et Thanh Portal (Nathan), ou Bienvenus, un livre de Barroux (L’école des loisirs) qui traite du droit d’asile.
 
 
L’avis du SE-Unsa
 
Dès 2023, notre fédération Unsa Éducation, a alerté le ministère de l’Éducation nationale, dans un cadre intersyndical, sur les agissements de ce groupe et sa propagande. Les professeurs – dont les professeurs documentalistes en première ligne dans les CDI - doivent pouvoir exercer leurs missions sereinement et ne pas courir le risque de voir leurs projets soumis à la censure.