Un "Plan Mathématiques" prioritaire mais sans les moyens annoncés

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L’Inspection générale de l’Éducation, du sport et de la recherche (IGESR) a remis un rapport de suivi du Plan Mathématiques en janvier 2022 (publié fin avril) et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’est pas satisfaisant.
 
En effet, ce rapport montre clairement que les préconisations de la mission mathématiques, portée par Cédric Villani et Charles Torossian en 2018, et affichée comme prioritaire par le ministère, n’ont pas eu les moyens nécessaires, pourtant annoncés, pour une mise en œuvre effective suffisante.
 
Même si la crise sanitaire n’a pas aidé, les inspecteurs généraux précisent bien qu’elle n’est pas responsable du retard pris, bien qu’elle l’ait aggravé. Pourtant le constat de la mission Villani – Torossian a fait consensus, les préconisations ont été globalement bien accueillies et d’après le rapport les acteurs tout au long de la chaîne ont fait preuve de bonne volonté.
 
Mais il est difficile de mettre en œuvre des préconisations ambitieuses sans un minimum de moyens dédiés dans un système déjà à bout de souffle…
Par exemple, les Référents mathématiques de circonscription (RMC) qui devraient être 1 500 (1 temps plein par circonscription) sont en réalité au moment de la remise du rapport 1 591 mais rarement chargés comme prévu de cette mission à temps plein, parfois sans aucune quotité réservée, ce qui représente seulement 585 équivalent temps plein (page 14 du rapport).
Comment dans ces conditions peut-on espérer que les professeurs des écoles soient formés comme prévu ?
 
Les moyens de remplacements, déjà insuffisants avant la crise sanitaire, ne peuvent faire face au remplacement nécessaire des enseignants en formation Plan Mathématiques… reste à envisager que les professeurs des écoles se forment pendant les vacances scolaires, ce qui est (provisoirement ?) écarté par les rédacteurs.
De plus, le rapport pointe que la mise en œuvre du schéma de formation en constellations (des groupes de pairs volontaires accompagnés par un RMC) suppose un climat de confiance dont les conditions sont loin d’être réunies sur le terrain.
 
Quand on sait que les premiers effets sont attendus pour TIMSS (évaluation internationale des élèves de CM1 en mathématiques) 2023 et à confirmer pour TIMSS 2027, on imagine bien que l’on ne pourra qu’être déçu, si tant est qu’une action de formation puisse avoir directement des effets, aussi rapides, sur les performances des élèves…
 
Enfin le rapport précise qu’il n’y a pas d’évaluation externe du Plan Mathématiques, ni effective ni même prévue !
 
Malgré un ton poli qui se veut encourageant, le fond de ce rapport est accablant par le constat implacable que les moyens et les conditions de mise en œuvre font défaut.