Technologie au DNB 2024 : de qui se moque-t-on ?
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Depuis des mois, voire des années, la technologie comme discipline et ses enseignants sont attaqués et malmenés : suppression de l’heure de labo en 2015, suppression de la technologie en 6e à la rentrée 2023, arrêt du recrutement d’enseignants dans cette discipline.
Une discipline d’avenir malmenée
La place de la technologie est centrale pour penser le système éducatif de demain, le rapport que les futurs citoyens entretiennent avec l’innovation technologique, l’utilisation des ressources de la planète, le low tech, les choix faits pour les infrastructures et l’industrie, pour des modes de transports, d’énergie et de construction durables… Et pourtant, cet enjeu crucial pour l’avenir de la planète, dans un monde où la crise climatique est de plus en plus présente dans nos vies, n’occupe qu’une place ridiculement modeste dans les horaires, les programmes et dans la vie des établissements.
La construction d’une économie durable où on produit, où on fabrique, où on conçoit autrement, cela s’apprend en cours de technologie. Cette discipline est capitale car elle apporte des compétences utiles pour tous les autres enseignements et joue également un rôle important en matière d’orientation des élèves, de connaissance des métiers, et pour valoriser les filières technologiques, industrielles, numériques qui resteraient sinon peu connues des élèves. L’initiation à la culture du numérique, occupant dorénavant une place centrale dans notre société, est un enjeu transversal du système éducatif et des enseignements et c’est en technologie et au collège que les élèves pourront le mieux s’en imprégner, notamment pour apprendre à programmer. Une culture technologique est un facteur plus qu’important pour l’employabilité de nos élèves, et ce, quel que soit le domaine et le niveau dans lesquels ils construiront leur avenir.
Malgré tout, cet enseignement que les ministres successifs (G. Attal, A. Oudéa-Castera, N. Belloubet) présentent comme fondamental avec la volonté de le revaloriser, perd du temps d’enseignement au collège. Contrairement au ministère, le SE-Unsa se soucie depuis longtemps du sort fait à la technologie et de sa place dans le parcours des élèves*.
La technologie au DNB 2024, une provocation ?
Nos ministres n’étant pas à une contradiction près, ils décident, après avoir supprimé la technologie en 6e au profit d’un dispositif de soutien en français et en mathématiques qui n’aura vécu qu’un an, de choisir cette discipline pour l’épreuve de sciences et technologie du DNB 2024. Ils voient sûrement là une manière de revaloriser la discipline, quand les professeurs de technologie y voient, tout comme le SE-Unsa, une provocation. Comment le ministère peut-il dénoncer le manque d’enseignants devant les élèves au collège et en même temps choisir la discipline qui en a perdu le plus, comme épreuve d’examen ?
L’avis du SE-Unsa
Le SE-Unsa continue de militer pour le retour de la technologie en 6e. Cette revendication est très facile à mettre en œuvre puisque l’heure de remédiation/approfondissement en français et mathématiques qui avait pris la place de la technologie est supprimée. Ainsi, la discipline serait naturellement revalorisée et les conséquences sur les conditions de travail des enseignants (mesures de carte scolaire, compléments de service imposés) s’en verraient améliorées.
Par ailleurs, si les élèves n’ont pas à payer les décisions politiques du ministère de l’Éducation nationale, le SE-Unsa, bien que convaincu de la nécessité de la discipline dans les apprentissages, dénonce la provocation que constitue le choix de la technologie à l’épreuve du DNB 2024, au moment où elle n’a jamais été aussi maltraitée.
Le SE-Unsa a donc écrit à la ministre pour l’interpeller sur la situation de la technologie et lui demander d’agir pour redonner sa place à cette discipline d’avenir. Cette demande a été entendue puisque le SE-Unsa sera reçu par la ministre dans les prochains jours.