Programmes de maternelle : de la stabilité s’il vous plaît !

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Dans une note datée du 17 octobre dernier, le ministre sollicite le Conseil supérieur des programmes afin qu’il lui soumette des pistes d’aménagements des programmes de maternelle.
 
La demande est ainsi rédigée :
La loi pour l’École de la confiance, qui fixe une obligation d’instruction à partir de 3 ans, révise ainsi le temps de la scolarité obligatoire.
En cohérence avec les textes publiés au Bulletin officiel du 29 mai 2019, en lien avec la DGESCO et en complémentarité avec les travaux du Conseil scientifique de l’Éducation nationale, le CSP confrontera l’esprit des évolutions apportées par la loi et le programme actuellement en vigueur, et afin de me soumettre des pistes d’aménagement de ce programme.

Après des programmes de primaire en partie dénaturés par des “ajustements et clarifications”, des programmes de lycée pléthoriques et indigestes, le CSP va maintenant s’attaquer aux programmes de maternelle en suivant l’esprit des recommandations pédagogiques données par la DGESCO en mai dernier concernant le langage, les nombres et les langues vivantes étrangères à la maternelle. Il est en plus bien précisé que les pistes d’aménagement vont devoir tenir compte des travaux du CSEN qui pour le moment n’a rien produit spécifiquement sur la maternelle. Sur Twitter, Stanislas Dehaene a annoncé qu’à la suite des résultats décevants de la seconde session des évaluations nationales CP, un groupe de travail était lancé sur les “efforts pédagogiques à mener dès la maternelle”. On peut volontiers imaginer qu’il s’agira notamment d’un recentrage sur la phonologie mâtinée de neurosciences...
Pourtant les programmes de maternelle actuellement en vigueur sont récents (2015) et ont été très bien accueillis. Évidemment ils sont perfectibles mais il est à craindre que ces “aménagements”, surtout s’ils sont faits en fonction de ce qui est attendu aux évaluations nationales CP (avec de nombreux items inadaptés et en modalité papier/crayon) ne dénaturent les programmes plus qu’ils ne les améliorent.

Pour le SE-Unsa il est tout à fait déraisonnable de vouloir toucher aux programmes de maternelle dans une optique d’efficacité scientiste déconnectée des réels besoins des enfants et avant de pouvoir évaluer l’impact des programmes de 2015. Les jeunes élèves ont besoin de temps, de souplesse, d’un accompagnement patient et bienveillant et non de repères annuels, d’entraînements prématurés et intensifs ou d’évaluations couperets ! Et les enseignants ont besoin de temps pour s’approprier les programmes et se former.