Maternelle : les « nouveaux » programmes ?
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Suite à la note du Conseil supérieur des programmes (CSP) parue en décembre et qui avait suscité de nombreuses critiques, la Dgesco a assez peu modifié les programmes actuels dans la proposition qu’elle vient d’envoyer aux organisations syndicales. Certaines modifications qui subsistent après la phase de dialogue restent problématiques et le SE-Unsa fera des propositions d’amendements au prochain Conseil supérieur de l’Éducation (CSE).
Le nouveau projet de programme n’a finalement modifié que très peu d’éléments de la version de 2015, se concentrant sur l’introduction, la maîtrise du langage et les premiers outils mathématiques. Les critiques virulentes et partagées par de très nombreux acteurs de l’école maternelle qui ont suivi la note du CSP ainsi que les rencontres qui ont eu lieu par la suite ont permis de limiter les dégâts.
Cependant plusieurs points du projet posent toujours problème. En effet, certains attendus de fin de cycle, que ce soit en Découverte de la langue ou dans la partie Construire les premiers outils pour structurer sa pensée, sont trop exigeants. Ces notions sont à travailler tout au long du cycle 1, de façon progressive, mais il n’est pas possible de demander à tous les élèves de maîtriser ces compétences avant l’entrée en CP. À titre d’exemple, Connaître les correspondances entre les 3 façons d’écrire les lettres fait partie des attendus, or, pour certains élèves, le début du cycle 2 sera nécessaire pour l’acquisition de cette compétence.
Dans la partie mathématiques, la liste des attendus correspond à ce qu’un élève devrait savoir faire pour réussir parfaitement les évaluations de début CP. Or ces dernières ont été pensées pour que les enseignants puissent connaître dès le début d’année les niveaux d’acquisition des élèves sur des compétences qui sont certes travaillées depuis le cycle 1 mais qui n’ont pas vocation à être maîtrisées par tous à l’entrée en élémentaire.
On note aussi un degré d’exigence trop élevé concernant la langue française utilisée par les élèves ainsi qu’une confusion entre langue et langage avec une focalisation sur la maîtrise de l’outil « langue » au détriment de la compréhension et de l’expression. Même si les élèves s’expriment de mieux en mieux au cours du cycle 1, il n’est pas nécessaire qu’ils le fassent parfaitement pour être compris. Les petites réussites doivent être mises en avant et accompagnées afin que chaque élève puisse construire ses apprentissages de manière sereine.
Le SE-Unsa a fait des propositions de modifications en vue du CSE du 27 mai pour que les attendus retenus ne créent pas des échecs artificiels alors que le rôle essentiel de la maternelle est de faire vivre une première expérience de la scolarité réussie. C’est sur cette réussite que les élèves construiront les apprentissages plus formels du CP.
Les principales modifications proposées dans les attendus de fin de cycle 1 (en gras)
Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions
– Communiquer avec les adultes et avec les autres enfants par le langage, en se faisant comprendre
– S’exprimer dans un langage oral syntaxiquement correct et précis
– Utiliser le lexique appris en classe de façon appropriée
– Reformuler son propos pour se faire mieux comprendre
– Reformuler le propos d’autrui
– Distinguer et manipuler des syllabes : scander les syllabes constitutives d’un mot, en supprimer, en ajouter, en inverser
– Repérer et produire des rimes, des assonances
– Discriminer des sons (syllabes, sons-voyelles ; quelques sons-consonnes hors des consonnes occlusives) dans des mots ou dans des syllabes
– Reconnaître les lettres de l’alphabet, connaître leur nom, savoir que le nom d’une lettre peut être différent du son qu’elle transcrit
– Connaître les correspondances entre les trois manières d’écrire les lettres : cursive, script, capitales d’imprimerie, et commencer à faire le lien avec le son qu’elles codent. Copier à l’aide d’un clavier
– Reconnaître son prénom écrit en lettres capitales, en script ou en cursive. Connaître le nom des lettres qui le composent
– Copier en cursive un mot ou une très courte phrase dont le sens est connu
– Écrire son prénom en écriture cursive, sans modèle
– Écrire seul un mot en utilisant des lettres ou groupes de lettres empruntés aux mots connus
Construire les premiers outils pour structurer sa pensée
– Évaluer et comparer des collections d’objets avec des procédures numériques ou non numériques. (perception immédiate, correspondance terme à terme, etc.)
– Réaliser une collection dont le cardinal est compris entre 1 et 10
– utiliser le dénombrement pour comparer deux quantités ou pour réaliser une collection de quantité égale à la collection proposée. (quantités inférieures ou égales à 10)
– Utiliser le nombre pour exprimer la position d’un objet ou d’une personne dans un jeu, dans une situation organisée, sur un rang ou pour comparer des positions
– Mobiliser des symboles analogiques (constellations, doigts), verbaux (mots-nombres) ou écrits (en chiffres), pour communiquer des informations orales et écrites sur une quantité, jusqu’à 10 au moins
– Avoir compris que le cardinal ne change pas si on modifie la disposition spatiale ou la nature des éléments
– Avoir compris que tout nombre s’obtient en ajoutant un au nombre précédent et que cela correspond à l’ajout d’une unité à la quantité précédente
– Quantifier des collections jusqu’à dix au moins ; les composer et les décomposer par manipulations effectives puis mentales
– Dire combien il faut ajouter ou enlever pour obtenir des quantités ne dépassant pas dix
– Parler des nombres à l’aide de leur décomposition
– Dire la suite des nombres jusqu’à trente. Dire la suite des nombres à partir d’un nombre donné (entre 1 et 30)
– Lire les nombres écrits en chiffres jusqu’à 10
– Écrire les nombres en chiffres jusqu’à 10
– Comparer deux nombres inférieurs ou égaux à 10 écrits en chiffres
– Positionner des nombres les uns par rapport aux autres jusqu’à 10 au moins ; compléter une bande numérique lacunaire jusqu’à 10 au moins
– Résoudre des problèmes de composition de deux collections, d’ajout ou de retrait, de produit ou de partage (les nombres en jeu sont tous inférieurs ou égaux à 10)
– Classer des objets en fonction de caractéristiques liées à leur forme
– Reconnaître quelques solides (cube, pyramide, boule, cylindre)
– Savoir nommer quelques formes planes (carré, triangle, cercle ou disque, rectangle) et ce dans toutes leurs orientations et configurations
– Classer ou ranger des objets selon un critère de longueur ou de masse ou de contenance
– Reproduire un assemblage à partir d’un modèle (puzzle, pavage, assemblage de solides)
– Reproduire, dessiner des formes planes
– Identifier une organisation régulière et poursuivre son application