Loi pour une École de la confiance, la mal nommée
Pour le SE-Unsa, à chaque étape, le ministre creuse davantage le sillon de la défiance avec la communauté éducative.
On s'en souvient, l’École de la confiance allait faire son entrée dans le code de l’éducation avec l’article premier de cette loi. La définition de la communauté éducative était complétée par un nouvel alinéa construisant « le lien de confiance » par « l’engagement et l’exemplarité » des personnels impliquant alors « le respect des élèves et de leurs familles ». Mais de nombreux enseignants se sont émus de cet article, craignant pour leur liberté d’expression. Le Conseil d’État a, pour sa part, demandé le retrait d’un article inutile. Le ministre aurait pu alors retirer cet article comme signe de sa volonté d’apaisement. Il n’en est rien : l’article subsiste dans sa rédaction originale avec un renvoi à la loi de 1983 définissant les droits et obligations des fonctionnaires. Comme entrée en matière, on pouvait rêver mieux !
Initialement justifié par la décision présidentielle d’abaisser à 3 ans l’âge de l’instruction obligatoire, le projet de loi comporte une dizaine d’autres sujets offrant une apparence hétéroclite. S’y est ajoutée, depuis la semaine dernière, sous la forme d’un amendement parlementaire et sans aucune concertation, la création d’établissements publics des savoirs fondamentaux permettant de regrouper des classes primaires et le collège et qui pose plus de questions qu’elle n’en résout.
Tous les articles ne sont ni de même nature, ni de même portée, mais plusieurs d’entre eux contribuent bien à un projet de transformation de l’École. Ils traduisent une volonté de revenir sur plusieurs dispositions de la loi de Refondation pour mieux exercer un contrôle vertical :
- La transformation du Cnesco en un conseil d’évaluation de l’École chargé de synthétiser les évaluations « maison ».
- La reprise en main du ministère pour les référentiels de formation des personnels et la désignation de directeurs des INSPé (ex-Espé)
- Les expérimentations pédagogiques impulsées d’en haut
Par ailleurs, d'autres mesures contribueront à renforcer les inégalités entre les élèves comme la création d’un statut dérogatoire au statut des EPLE : l’EPLE international, qui accueillera des élèves sélectionnés.
En conclusion, le SE-Unsa juge que ce projet de loi, aussi bien dans la méthode que dans le contenu, traduit bien le fossé qui se creuse entre le ministre et les personnels de l’Éducation nationale. Décidément, la confiance ne se décrète pas.