L’oral, ça se travaille dès la maternelle.
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La maîtrise d’une langue correspond à cinq aspects : lire, dire, écrire, écouter et interagir. Cependant, force est de constater que l’oral reste encore aujourd’hui le parent pauvre de l'enseignement à l’heure où les épreuves orales s’installent dans les examens certificatifs (DNB et baccalauréat).
En 1994, le rapport Boissinot estimait à 17 minutes en moyenne le temps accordé à la parole d’un collégien entre son entrée en 6e et la 3e. Si l’on peut espérer que les choses ont évolué depuis, il n’en reste pas moins que la parole de l’élève reste le parent pauvre de l’enseignement dans la plupart des disciplines. C’est pourtant une compétence dont la maîtrise est essentielle tout au long de la vie et qui reste un marqueur fort de discrimination.
Enseigner aux élèves la maîtrise de la communication orale, c’est en particulier soutenir le parcours des élèves les plus fragiles et donc rendre l’École de la République un peu moins inégalitaire.
L’écart se creuse dès la petite enfance et on évalue à 30 millions de mots l’écart entre les enfants de 4 ans, selon le milieu dans lequel ils auront grandi. C’est donc dès la maternelle que l’oral doit être considéré comme un enseignement primordial.
Pour une didactique de l'oral
Enseigner l’oral ne doit pas se résumer à donner la parole aux élèves, même si c’est fondamental. On pense souvent qu’il suffit de parler pour apprendre à parler, d’imiter la parole du maître pour maîtriser sa propre parole : c’est important mais hélas insuffisant. Il existe pour l’oral comme pour l’écrit, une “grammaire” qui n’est pas innée.
La maîtrise des compétences langagières de l’oral porte à la fois sur la voix (articulation, timbre, débit, intonation), sur la morphologie et la syntaxe de l’oral, sur l’organisation du discours et sa crédibilité, sur le lien avec l’utilisation de supports visuels. Réussir un oral c’est également savoir maîtriser la communication non verbale, les gestes, le regard, l’utilisation de l’espace.
C’est enfin tout ce qui concerne les interactions avec l’auditoire (savoir se présenter, répondre à des questions) pour lesquelles la maîtrise des émotions est essentielle. On le voit, enseigner l’oral est une didactique complexe, polymorphe, dont l'ensemble de la communauté éducative doit se saisir dès le début de la scolarité des élèves.
De quel oral parle-t-on ?
L'oral en classe est le plus souvent celui du maître qui explique ou qui interroge et de l'élève qui répond. Se limiter à ce type d'interactions dans des classes aux effectifs souvent importants, c'est se priver de nombreuses occasions de faire pratiquer l'oral à l'École. Les interactions entre élèves, l'enregistrement et la publication de présentations orales (audio ou vidéo), la création de webradios sont autant de possibilités dont il faut se saisir pour que l'oral deviennent une composante du cours à part entière.