Évaluations CP : le ministre parle, les enseignants travaillent
| popularité : 3%
Dans un très long courrier, Jean-Michel Blanquer, s’adressant principalement aux enseignants de CP, remercie tous les professeurs du primaire pour le travail qu’ils ont fourni depuis la rentrée de septembre en s’appuyant sur les premiers résultats des évaluations de mi-CP fournis par la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp).
Ces résultats ne montrent pas de bouleversement profond par rapport à ceux de l’année dernière, ce qui laisse à penser que l’écart repéré lors des évaluations de septembre a pu effectivement être effacé.
Ces résultats ne montrent pas de bouleversement profond par rapport à ceux de l’année dernière, ce qui laisse à penser que l’écart repéré lors des évaluations de septembre a pu effectivement être effacé.
Les déclarations du ministre s’appuient sur un document de travail et non sur la note de synthèse de la Depp qui devrait être produite un peu plus tard. Sans doute avait-il besoin au plus vite de ces résultats pour justifier ses choix pédagogiques et appuyer sa décision de laisser les écoles ouvertes : le virus circule, les savoirs également, quoiqu’il en coûte…
Le protocole utilisé est le même que celui de l’an passé, avec les mêmes seuils qui ne disent pas grand-chose de la maîtrise réelle de la compétence évaluée. Les exercices ne sont jamais jugés pertinents par plus de 76 % des enseignants interrogés (écrire un nombre sous la dictée), et cela tombe même à 27 % pour l’exercice sur la ligne numérique.
Il est assez préoccupant que l’avis des enseignants ne soit pas plus pris en compte concernant cet exercice, 39 % des IEN émettant également des doutes sur ce dernier, quand leurs doutes sur la pertinence des autres exercices ne dépassent pas 14 % en français et 7 % en mathématiques.
Il est assez préoccupant que l’avis des enseignants ne soit pas plus pris en compte concernant cet exercice, 39 % des IEN émettant également des doutes sur ce dernier, quand leurs doutes sur la pertinence des autres exercices ne dépassent pas 14 % en français et 7 % en mathématiques.
En Français, les résultats progressent sensiblement pour toutes les compétences par rapport à février 2020 excepté pour la compétence « comprendre des phrases lues par l’enseignant » où il y a une très légère baisse.
En mathématiques, il y a également une évolution positive dans tous les domaines. La résolution de problème reste la compétence la moins maîtrisée avec 55,7 % d’élèves au-dessus du seuil 2.
Les écarts de résultats restent inchangés ou ont légèrement augmenté si l’on compare EP et hors EP, ce qui est dans la continuité de ce qui avait pu être observé lors des évaluations de septembre 2020.
L’avis du SE-Unsa
Alors que le ministre attribue ces résultats positifs à sa politique (guides pédagogiques divers et variés, plans de formation maths et français), il est très difficile d’identifier une explication définitive. On sait que la mise en œuvre de tests standardisés est toujours suivie pendant les premières années d’une progression des résultats dans la mesure où les enseignants prennent en compte la forme des exercices proposés dans leur propre enseignement. Les élèves ont progressé dans les réponses aux tests mais ont-ils progressé dans les apprentissages et la maîtrise des compétences complexes qui ne peuvent pas être mesurées par un test standardisé ?
Ces évaluations restent d’abord un outil de communication pour le ministre et un outil de pilotage technocratique. Elles ne permettent que très peu de mettre en place des séances de remédiation. La lutte contre les inégalités et l’aide aux élèves en difficulté ne peuvent pas s’appuyer sur ce protocole dont la pertinence est toujours à démontrer.
Quant aux remerciements du ministre, ils ont le mérite d’exister… et de ne rien coûter à un ministre qui annonce depuis des mois une revalorisation qu’on ne voit pas venir.
Quant aux remerciements du ministre, ils ont le mérite d’exister… et de ne rien coûter à un ministre qui annonce depuis des mois une revalorisation qu’on ne voit pas venir.