Pour faire vivre les places de la République

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Tribune publiée dans le Journal du Dimanche du 14 février 2016 par l’UNSA aux côtés de 14 autres signataires*.


En ce début d’année, notre pays affronte une conjonction inédite de crises et de menaces.

Il nous faut vivre avec la menace terroriste, qui cible nos valeurs et nos modes de vie. La crise économique et sociale continue à fragiliser des personnes et des territoires, désavouant les promesses du pacte républicain.

La crise environnementale traduit les limites de notre modèle de développement. Polarisation du marché du travail, inégalités, discriminations…

Comment notre société, qui attache tant d’importance à l’égalité, a-t-elle pu se fracturer en de si multiples endroits ?

Peut-être parce que nos institutions ne parviennent plus à émanciper les individus tout en créant du sens commun. Sans doute aussi parce que, confrontés aux transitions écologique et numérique, les citoyens se heurtent à un manque d’explication et d’accompagnement.

C’est cette carence – de sens, d’écoute, de lien - qui nourrit les peurs et les colères. C’est ce vide que comblent des mouvements extrémistes, avec un discours qui stigmatise et prône un impossible retour en arrière.

La crise la plus grave que nous affrontons est sans doute celle de la démocratie.

Que faire ? Nous résoudre au déclin ? Concentrer toutes nos attentes sur un Homme providentiel ? Nous le refusons.

Commençons par regarder ce qu’on ne montre pas, mais qui donne espoir. Partout, sur les lieux de vie et de travail, des hommes et des femmes inventent de nouvelles façons de produire, de consommer, d’apprendre, de faire société. Comment ? En se rassemblant, en s’engageant dans une association, une mutuelle, un syndicat …

On parle de « société civile », mais c’est de la société tout court dont il s’agit. Nous, qui en sommes les acteurs et représentants, sommes lucides sur les souffrances. Mais nous savons aussi que la société porte en elle des ressources pour aller de l’avant.

Comprendre le monde, c’est pouvoir le transformer. L’éducation populaire, la formation tout au long de la vie, les débats et forums citoyens y contribuent. Ils offrent des débouchés à la soif des citoyens de peser sur les décisions de leur entreprise ou de leur territoire et d’agir pour une société qui favorise l’émancipation de chacun.

Nous réclamons davantage de transparence et de participation. Relever les défis devant nous implique de faire des choix débattus et partagés par le plus grand nombre. C’est donc de dialogue dont nous avons besoin. C’est un pari : celui de croire qu’en réunissant des personnes qui ont des cultures et des intérêts différents, il est possible de partager un diagnostic, de lutter contre les replis identitaires et sécuritaires, et de construire du progrès. Et nous, organisations de la société civile, affirmons notre confiance dans cette intelligence collective.

C’est ainsi que nous construirons une société plus résiliente, qui invente progressivement des modes de vie plus durables. Une société plus juste et plus solidaire, où personne n’est laissé au bord du chemin.

D’un côté, la sphère publique, l’État garant de l’intérêt général ; de l’autre, les individus, leurs parcours et leurs aspirations. Entre ces deux pôles, il existe un espace pour reconstruire la confiance et la coopération à travers l’action collective. C’est cet espace que nous entendons investir, en tant que corps intermédiaires et organisations de la société civile.

C’est la raison pour laquelle nous prenons l’initiative de nous rassembler, afin de travailler ensemble et de démultiplier nos actions en faveur du vivre ensemble.

* Signataires du texte : ATD Quart Monde, CFDT, CFTC, Fédération des associations générales étudiantes (Fage), Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale, Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’Homme, France Nature Environnement, France terre d’asile, Le Mouvement associatif, Le Pacte Civique, Les Francas, Ligue de l’enseignement, Mutualité française, Unsa, WWF France.