Enseigner l’esclavage, une histoire à rendre commune
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La loi dite Taubira, qui célèbre ses vingt ans ce 10 mai 2021, a reconnu les traites et l’esclavage comme des crimes contre l’humanité, et comme un pan de notre histoire à transmettre à travers une journée nationale de commémorations et par l’enseignement. Néanmoins, celui-ci n’est pas dispensé de la même manière en métropole et en outre-mer.
Une partie intégrante de notre histoire commune
La loi Taubira a porté un éclairage sur ce passé qui nous est commun en le qualifiant de crime imprescriptible, mais aussi en encourageant la recherche historique et en rendant obligatoire son enseignement sur tout le territoire français. Son article 2 stipule que Les programmes scolaires et les programmes de recherche en histoire et en sciences humaines accorderont à la traite négrière et à l’esclavage la place conséquente qu’ils méritent.
La recherche historique permet de mieux comprendre la complexité de cette histoire qui a impacté le monde et qui a construit l’identité plurielle de notre citoyenneté. En effet, en 1789, près d’un million d’esclaves vivaient dans les colonies françaises, des africains déportés sur décision du pouvoir royal. De cette histoire subsistent des préjugés que l’enseignement de l’histoire doit éclairer et déconstruire.
Des programmes toujours différenciés en outre-mer
Après l’adoption de la loi, les programmes nationaux ont été modifiés et la place dédiée à la question des traites, de l’esclavage et de leur abolition est un peu plus importante dans l’enseignement. Mais depuis 2000 en outre-mer, les programmes sont adaptés, c’est-à-dire qu’il y a des ajouts en fonction des territoires ultramarins.
Du CM1 à la sixième, les ajouts invitent à s’appuyer sur des situations locales ou régionales afin notamment de fixer des repères spatiaux et temporels.
Par exemple, à Mayotte, ils peuvent s’inscrire dans le cadre de la civilisation swahilie et de la mise en place des sultanats.
De la cinquième à la troisième, il est préconisé d’aborder l’inégal impact de la Révolution française et de l’Empire sur la question de l’esclavage. De plus, les programmes des lycées d’outre-mer et des lycées professionnels de métropole visent à étudier spécifiquement par exemple la révolution de Saint-Domingue qui aboutit en 1804 à l’indépendance d’Haïti après le rétablissement de l’esclavage par Napoléon en 1802 alors qu’il avait été aboli en 1793 ; une révolte essentielle pour comprendre le rôle exercé par les esclaves dans leur libération. Cela permet en outre de porter une attention particulière aux mouvements de libération antérieurs à l’abolition de 1848.
L’avis du SE-Unsa
Le SE-Unsa soutient la journée mémorielle du 10 mai et l’obligation d’enseigner l’histoire des traites, de l’esclavage et de leurs abolitions. Néanmoins, les éléments programmatiques spécifiques existant dans les territoires d’outre-mer pourraient certainement mieux éclairer les élèves hexagonaux sur cette histoire qui nous est commune. À l’heure où des discours et des actes identitaires se multiplient, apprendre notre passé commun est fondamental. En effet, il est le terreau pour rendre effectif les idéaux de la République .
Ressources en ligne
Mobilisation de l’Unsa
Histoire
>> Kit-Enseigner l’histoire de l’abolition de l’esclavage, Sylvie Meslien, Canopé
>> La canne à sucre et ses enjeux aux Antilles françaises, des origines au début du XXe siècle, Sylvie Meslien, Canopé
>> L’esclavage, comprendre son histoire, Lumni
>> Concours la Flamme de l’égalité, ministères chargés de l’Éducation nationale, de la Citoyenneté et des Outre-mer, la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH) et la Fondation pour la mémoire de l’Esclavage
Mémoire
>> Vidéo (moins de deux minutes) : Se souvenir de la traite, pourquoi ? Parler de l’esclavage ? Commémorer ? Pourquoi ? Fondation pour la mémoire de l’Esclavage