Enquête sur l’usage des écrans chez les 3-4 ans : des conclusions partielles et stigmatisantes

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Le ministère de l’Éducation nationale vient de publier une note d’information analysant l’usage des écrans chez les élèves de petite section de maternelle, et ses liens avec leurs apprentissages. 
 
 
Un constat attendu mais aux interprétations trop rapides
 
L’étude révèle notamment que 75 % des 3-4 ans regardent les écrans ou jouent sur les écrans, dont la moitié de manière régulière. Elle souligne une corrélation négative entre l’usage des écrans les jours d’école et les performances scolaires en langage, en mathématiques et en compétences transversales. À l’inverse, un usage encadré hors temps scolaire peut être associé à de meilleurs résultats.
 
Pour le SE-Unsa, les résultats de cette enquête étaient attendus : l’impact de l’exposition aux écrans sur les jeunes enfants est un sujet bien documenté. Toutefois, l’interprétation trop rapide des résultats nécessite une approche plus nuancée. En effet, ce n’est pas seulement le temps passé devant les écrans qui nuit aux apprentissages, mais aussi les effets induits par un usage non encadré : fatigue accrue, baisse de la concentration, altération de la capacité d’observer l’environnement et de dialoguer avec les autres, notamment les parents.
 
 
Des conclusions partielles et une stigmatisation des familles défavorisées
 
Il est regrettable que l’étude pointe du doigt les familles les moins favorisées, dont les enfants sont davantage exposés aux écrans. Rappelons que ces familles peuvent manquer de confiance en leurs propres capacités éducatives. Pour elles, les écrans peuvent représenter un appui rassurant, offrant des contenus perçus comme plus fiables que leurs propres connaissances. Ainsi, le recours aux écrans n’est pas toujours qu’un simple choix de facilité, il peut aussi traduire le souhait d’apporter du contenu éducatif à leurs enfants, voire de leur permettre un accès à la langue française.
 
 
L’importance du lien familial et de l’accompagnement
 
Quels que soient les contenus diffusés sur les écrans – même très positifs – ceux-ci ne remplaceront jamais la richesse des échanges, des jeux et du temps partagé entre parents et enfants. La construction du langage, des repères sociaux et émotionnels passe d’abord par la parole, une parole adressée chargée d’intentions et d’émotions, par l’interaction directe et la présence attentive des adultes.
 
 
L’avis du SE-Unsa 
 
Plutôt que de pointer les usages, le SE-Unsa appelle à considérer cette enquête comme un signal d’alerte utile pour engager une véritable politique d’accompagnement des familles sur la question des écrans ; c’est un enjeu majeur pour notre société qui exige une approche bienveillante, éducative et inclusive, loin des jugements hâtifs. 
Le SE-Unsa prévoit ainsi de faire des propositions concrètes au ministère, en faveur de campagnes de sensibilisation, de formations et de ressources pédagogiques accessibles à toutes les familles.