Constats et recommandations du CSP en maths/sciences : ce qu’en pense le SE-Unsa

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Dans sa note d’analyse et de propositions du 7 mai 2018, le Conseil supérieur des programmes (CSP) développe une vision rétrogradede l‘enseignement des mathématiques et des sciences.
 
Dans son bilan des programmes actuels, seul celui de sciences de la vie et de la terre (SVT) est ménagé. Il est vrai qu’il a été bien accueilli par les enseignants concernés et qu’à l’usage, il donne satisfaction. Il n’empêche que le CSP trouve tout de même qu’il y a des choses à redire puisqu’il préconise « un retour aux attentes fondamentales en matière de savoirs et de méthodes ». Le CSP pense-t-il que l’on sort de terminale S sans connaissances ni compétences en matière de SVT ? Pas sûr que tous les enseignants concernés apprécient ce jugement.
 
Pour les mathématiques, le CSP reprend à son compte le rapport Villani-Torossian qui prône « une retour à la démonstration ». Comme si les concepteurs du programme de 2010 et les enseignants en mathématiques avait perdu de vue que l’apprentissage du raisonnement logique était l’objectif principal de l’activité mathématique… On peut craindre que le CSP, tout comme MM. Villani et Torossian, croit qu’une démonstration effectuée magistralement devant les élèves par le professeur va automatiquement être comprise et mémorisée par les élèves. On peut en douter ! Au passage, le CSP oublie que les épreuves de mathématiques comportent depuis 2010 une question de cours consistant à démontrer une propriété classique. Pour le SE-Unsa, les élèves doivent apprendre à raisonner logiquement et rigoureusement. Pour ce faire, il est indispensable que les programmes tiennent compte de cettedonnée et qu’ils soient conçus dès l’école primaire et dans tout le curriculum de telle sorte que les élèves raisonnent à partir de situations problèmes motivantes. Cela nécessite du temps et donc un allègement des programmes. Une solide formation pédagogique et didactique des enseignants de tous les niveaux de la scolarité est par ailleurs indispensable.
 
Les programmes de lycée en sciences physiques-chimie de 2010 ont été mal accueillis et difficilement mis en œuvre par des équipes déboussolées. Le CSP a trouvé le remède : on va re-mathématiser l’enseignement de physique-chimie. Il faut se souvenir que les programmes de ces disciplines étaient passés à un enseignement plus qualitatif du fait que les mathématiques éloignaient parfois les élèves de la réalité concrète du problème posé. Avant 2010, les résultats trouvés mathématiquement étaient peu remis en cause (y compris lorsqu’ils étaient faux) par des élèves ayant une foi aveugle dans leur capacité à calculer. Pour le SE-Unsa, le retour de l’usage des mathématiques en sciences physiques doit se faire avec modération. Il a sans doute manqué d’accompagnement et de formation continue pour que les programmes de 2010 soient mieux mis en œuvre. Il faut dire que certains sujets de bac S post 2010 ont dérouté de nombreux enseignants et ajouté du mécontentement à l’incompréhension.
 
L’avis du SE-Unsa
 
Il est difficile de se prononcer avant d’avoir les premières moutures, discipline par discipline, des programmes qui entreronten vigueur en 2019 (seconde et première) et 2020 (terminale). Il n’empêche que l’esprit posé par la note du CSP concernant l’enseignement des sciences peut faire douter d’une amélioration pour les élèves et pour les enseignants. Le SE-Unsa sera vigilant pour que ces textes ne nous ramènent pas des décennies en arrière.