Mission Villani : le SE-Unsa auditionné

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Les évaluations internationales (Pisa, Timms) nous disent que les élèves français n’obtiennent pas de bons résultats en mathématiques. Le ministre s’est emparé du sujet en faisant référence à la méthode de Singapour, pays qui a réussi, il y a quelques années, une remontée spectaculaire dans les classements internationaux.

Une mission pilotée par M. Torossian, inspecteur général, et Cédric Villani, mathématicien célèbre et député LREM a donc été chargée de faire des propositions pour améliorer l’enseignement des mathématiques de la maternelle au baccalauréat. C’est dans ce cadre que le SE-Unsa a été auditionné le 8 décembre 2017.
 
Les débats ont tourné autour de la formation des enseignants (professeurs des écoles et professeurs de mathématiques), de la place des mathématiques dans le système éducatif français et pour ce qui est des mathématiques proprement dites, de la place du calcul et de la preuve en cours et pour terminer sur la méthode de Singapour.
 
Pour le SE-Unsa, l’enjeu le plus important est d’armer tous les élèves des outils et concepts mathématiques leur permettant d’exercer leur rôle de citoyen libre et éclairé, une fois sortis de l’École. La formation de notre « élite mathématique » n’étant pas menacée, nous nous sommes particulièrement focalisés sur les mathématiques enseignées pendant la scolarité obligatoire.
 
Pour faire progresser tous nos élèves, la formation initiale et continue des enseignants doit être améliorée. Il est vrai que les professeurs des écoles peuvent avoir un rapport compliqué à cette discipline et l’année de M1 (préparation au concours) ne suffit pas toujours à les armer et à les rassurer. Pour ce qui est de la formation des professeurs de mathématiques (certifiés, agrégés ou PLP), leur recrutement sur des compétences purement disciplinaires pointues sans référence au métier qu’ils exerceront doit être interrogé. L’année de M2 (stage) est d’ailleurs parfois rude pour eux.
 
Il est vrai que la pression sociale sur la réussite des élèves en mathématiques est forte. Notre système scolaire, favorisant encore beaucoup la compétition plutôt que la coopération, ne facilite pas l’acquisition par tous des compétences de base, quand il ne provoque pas de la souffrance chez certains. Les mathématiques participent, malgré elles, au creusement des inégalités de réussite scolaire.
 
La preuve et les calculs sont bien présents dans les programmes en vigueur. Ils ont en particulier été remis en bonne place dans les programmes de collège publiés en 2016.

Le SE-Unsa a explicitement demandé qu’on laisse vivre ces programmes quelques années avant de les retoucher si le besoin est avéré. Il serait en revanche souhaitable d’accompagner, via une formation continue relancée, les enseignants vers des choix pédagogiques mettant le raisonnement au centre de leur enseignement.
 
La méthode de Singapour est intéressante en ce sens qu’elle a mis une quinzaine d’années à être mise en place en procédant par tâtonnements en multipliant les allers-retours entre le terrain et les décideurs. Singapour a donc pris le parti, en engageant une réflexion de long terme, en recherchant l’adhésion de tous, de déconnecter le temps éducatif du temps politique. Puisse la France suivre cet exemple sur cet aspect là…