Évaluations CP/CE1 hors sol, laissons faire les vrais experts que sont les enseignants

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Le SE-Unsa a recueilli le témoignage de plus de 3000 enseignants ayant fait passer les évaluations aux élèves de CP et de CE1 au début de l'année. Seule la moitié des collègues interrogés pensent que les évaluations permettaient d'évaluer les objectifs annoncés et que les consignes étaient adaptées. 

85 % d'entre eux jugent que les séquences étaient beaucoup trop longues et  35 % de ces derniers considèrent que les exercices n’étaient pas adaptés à une passation en classe entière. Pour 2/3  des collègues, ces évaluations ne seront pas utiles pour savoir où en sont les élèves et 74 % les trouvent inutiles pour échanger avec les parents. Enfin, la moitié des collègues interrogés pensent que leurs élèves ont mal vécu ces évaluations.

La majorité des collègues souhaite l’abandon de ces évaluations. Ils font toutefois de nombreuses propositions d'amélioration, dont :
 
  • Des évaluations diagnostiques très courtes, orales et individuelles.
  • Des exercices non chronométrés, moins nombreux et comportant moins de pièges.
  • En maths, ne pas proposer de QCM qui perturbent beaucoup d'élèves mais leur demander d'écrire la réponse
  • Une version numérique projetable envoyée au préalable aux enseignants.
  • Une application de saisie téléchargeable, fonctionnant hors connexion et proposant un retour des résultats plus rapide.

Au-delà de ces quelques propositions, de nombreux enseignants considèrent que c'est à eux de fabriquer les évaluations dont ils ont besoin pour leurs élèves, celles proposées par le ministère étant jugées trop éloignées de leurs besoins.

Alors que ces évaluations ont été apparemment conçues pour identifier les obstacles à lever ou les entraînements à mettre en œuvre pour que chaque élève progresse dans ses apprentissages, le ministre en a détourné les finalités, en s’en servant pour sa communication politique et en tirant des conclusions sur les performances de notre système éducatif. Les enseignants qui auraient pu penser que ces évaluations ont été mises en place pour leur permettre d'aider les élèves en difficulté ne peuvent qu'être désappointés par la tournure des évènements.
 
Est-ce que l'objectif de ces évaluations est d'inciter chaque enseignant à mettre en œuvre, sans attendre, des dispositifs de remédiation pour les élèves à besoins ? L'injonction est forte mais les moyens nouveaux ne sont pas au rendez-vous.
 
Assigner de nouveaux objectifs sans donner aux enseignants les moyens de les atteindre est toujours une source de souffrance au travail. Il n'y a dans le protocole actuel ni confiance, ni bienveillance.